C’est un petit évènement. Cécile Fougerouse, co-dirigeante de l’agence parisienne Dream Act, a été élue présidente de la 2FPCO en juin, lors de l’Université d’été de la fédération, en faisant la première femme à accéder à ce poste. Une forme de consécration pour cette infatigable défenseure de l’objet média, qui compte rassembler toute la filière, dans l’écoute, la co-construction et l’intelligence collective.
Est-ce une fierté d’avoir été élue présidente de la 2FPCO ?
Bien sûr ! C’est une fédération engagée, qui rassemble les professionnels passionnés d’un métier en pleine transformation. L’organisation de notre filière remonte à 1910, avec la création de la « Chambre syndicale de la publicité par l’objet ». Depuis, le métier a beaucoup évolué, mais je crois qu’on vit aujourd’hui une vraie révolution.
Et pour moi, c’est aussi une histoire personnelle. J’ai grandi dans l’univers du sponsoring sportif et des objets qui marquent : le tee-shirt d’une écurie de course, le stylo aux couleurs d’un joueur de foot… Très tôt, j’ai compris la puissance de l’objet comme support de communication, de lien et de souvenir.
Mais je ne suis pas seule ! Je suis entourée d’une équipe de professionnels engagés et passionnés. J’ai été bluffée par la richesse des candidatures lors des élections. Cette diversité, c’est une vraie force. Et je suis convaincue que le nouveau conseil élu saura porter haut les valeurs de l’objet média, et accompagner nos adhérents vers des pratiques toujours plus responsables, innovantes et efficaces.
Cela représente aussi une satisfaction d’être la première femme à occuper ce poste ?
Oui, c’est la première fois… Et pourtant, notre profession est très féminine : dans mon entreprise, 80 % de l’équipe est composée de femmes. C’est représentatif d’un secteur où les expertes sont nombreuses, avec des cheffes de projet, des responsables achats, des créatives… mais où les dirigeantes restent encore trop rares.
Au conseil d’administration de la 2FPCO aussi, les femmes sont peu représentées. Nous ne sommes que deux aujourd’hui, avec Vanessa Gabiller, qui préside le collège Agences et occupe la vice-présidence depuis plusieurs années.
Des femmes comme Cécile Jacquet et Christine Lavigne ont marqué la profession. Mais à l’époque, peu d’entre elles ont été poussées – ou se sont autorisées – à prendre la présidence. Les temps changent, et c’est tant mieux.
Vous étiez à la tête de la commission RSE de la 2FPCO. Ce sujet et celui de la relocalisation vont-ils constituer des priorités de votre mandat ?
Ce sont des sujets majeurs, mais mon rôle, c’est avant tout de représenter toute la filière. On parle de plus de 16 000 professionnels en France, avec des modèles très différents : fabricants, importateurs, marqueurs, agences, partenaires… Notre point commun, c’est de faire de l’objet média un outil de communication utile, durable et porteur de sens. Pas un gadget jetable, mais un support concret, émotionnel et stratégique.
Il ne faut pas opposer made in France et import. Ce qu’il faut, c’est de la cohérence. Quand un objet est bien choisi, utile et conservé, il laisse une trace bien plus durable qu’une publicité numérique qu’on oublie. Et rappelons-le : un objet média, c’est moins de 2 % de l’empreinte carbone d’un événement, contre plus de 70 % pour les transports. Le sujet n’est pas de supprimer, mais de mieux penser.
Plus globalement, quelle est votre feuille de route pour les mois à venir ?
Pour bien faire, il faut se réunir et partager. On poursuit donc les temps forts avec les apéripubs, les salons, les soirées comme celle chez Bocuse en janvier dernier. Et l’Université d’été 2026 se prépare déjà. J’ai toute confiance en Raphaël Hertault pour cela.
Coté communication, Laurent Bourasseau et son équipe travaillent sur une refonte du site web, une meilleure visibilité de nos publications (livres blancs, guides, publi-reportages…), un plus grand rayonnement auprès des annonceurs, et la conception de conférences clés en main pour les salons CTCO et Premium Sourcing.
Pour la commission RSE, Valérie Passelande, Max Lebon et Alex Lawson prennent le relais. Le calculateur carbone Cleo’bjet est prêt : il s’agit d’un outil professionnel, adossé à Cleo Carbone (Unimev), développé avec Kabaun. Nous avons l’ambition d’en faire un standard de référence en cours de certification pour toute la profession en France, mais aussi à l’international. Enfin, nous travaillons avec le CNA pour adapter la Charte RFAR (Relations Fournisseurs et Achats Responsables).
La veille règlementaire sera renforcée avec l’aide de Maître Moinard, pour accompagner les adhérents dans les évolutions juridiques à venir.
Et puis les présidents de collèges font un travail de terrain formidable. Leurs retours nourriront nos actions.
En quoi votre expérience chez Dream Act va infuser dans votre mandat ?
Infuser, je ne sais pas, mais m’aider certainement. Dream Act, c’est une entreprise à mission, labellisée ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale). Ce que je retiens surtout, c’est la méthode : co-construction, écoute et intelligence collective. On part d’idées variées, on les fait bouger ensemble, et on en sort des solutions concrètes. C’est cette dynamique que je souhaite mettre en pratique à la 2FPCO.
On souffre parfois d’un complexe d’infériorité face aux « grands médias ». Pourtant, l’objet média est l’un des supports les plus responsables – à condition d’être bien pensé, utile, traçable et bien fabriqué. Il faut l’assumer, le prouver, et en être fiers.
Un mot sur le mandat d’Antony Villeger ?
Antony a donné une belle impulsion à la Fédération. Il a su structurer, porter des projets stratégiques et contribuer activement à la reconnaissance de notre filière.
Mais dans une fédération, chaque mandat s’inscrit dans la continuité. Les projets sont souvent longs, complexes, et nécessitent du temps. Ce sont plusieurs conseils successifs qui, au fil des années, se passent le relais pour faire avancer les dossiers. Antony a poursuivi avec engagement de nombreux chantiers déjà amorcés : le changement de code NAF engagé dès 2010, les travaux pour faire reconnaître notre filière lancés en 2018, le baromètre démarré en 2012, ou encore les liens avec les écoles tissés dès 2015.
Cette dynamique, nous devons la poursuivre ensemble. Plus nous sommes nombreux à nous engager dans les commissions – RSE, communication, digitale, vie de la fédération, etc. -, plus nous pourrons porter des projets ambitieux pour la profession. Elles sont actives, ouvertes, et elles n’attendent que vous, lecteurs de C!mag !
Cette année, le conseil a été renouvelé à un tiers. Il y a à la fois la sagesse de l’expérience et une énergie nouvelle, des idées fraîches. On sent une vraie dynamique et une belle synergie. On s’inscrit dans la continuité… et dans le collectif. Comme le dit le vieux proverbe africain cité par Pierre Mirlit : « Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. »
BIO EXPRESS
2000 : Responsable commerciale chez DEPAC Cadeaux
2017 : Co-dirigeante de Dream Act
2025 : Présidente de la 2FPCO