
Dans le marquage textile, chaque décennie apporte sa révolution. Longtemps, les techniques de marquage direct – comme la broderie ou la sérigraphie – ont dominé le marché. Puis est arrivé le transfert sérigraphique et le flex, qui ont changés la donne : imprimer en série d’un côté, transférer à la demande de l’autre, avec une souplesse jusque-là inédite.
Aujourd’hui, une nouvelle étape s’écrit : le DTF. Direct To Film. Et cette fois, c’est le marché du transfert lui-même qui est en pleine révolution.
Pourquoi le DTF a frappé fort
Le DTF a levé deux freins majeurs du transfert sérigraphique :
- Les coûts fixes : plus besoin d’écran, donc plus de minimum de commande
- Les liserés : fini les contours parasites de la couleur du textile
Ajoutez à cela une meilleure élasticité, des encres à l’eau et une compatibilité avec la plupart des textiles… et vous obtenez un procédé plus polyvalent, plus rapide et surtout plus compétitif.
En clair : là où le transfert avait déjà ouvert une brèche par rapport au marquage direct, le DTF élargit encore le champ des possibles.
Les limites à garder en tête
Ne nous méprenons pas : le DTF reste une technologie d’impression numérique. Il ne prétend pas couvrir l’ensemble des applications du transfert sérigraphique. Pas de respect Pantone, aucune solution contre les remontées de sublimation sur les softshells, pas d’encres spéciales comme les gonflantes, ni d’effets métalliques or/argent que la sérigraphie maîtrise encore.
Mais est-ce vraiment un problème ? Aujourd’hui, la majorité des logos et visuels sont conçus en quadrichromie. Et c’est précisément sur ce terrain que le DTF excelle. Les autres besoins restent, et resteront, du ressort du transfert sérigraphique ou du flex.
Des machines qui suivent deux voies
Le marché des machines DTF se structure petit à petit, avec deux grandes stratégies :
- Fiabiliser et démocratiser : des acteurs comme Epson ou Mimaki misent sur la stabilité et la simplicité, pour rassurer les ateliers et rendre la technologie plus accessible.
- Accélérer et industrialiser : les constructeurs chinois, eux, visent la productivité. Machines à 6, 8, voire 12 têtes, laizes élargies… tout est pensé pour attaquer le transfert sérigraphique quadri sur des volumes plus importants.
Deux approches, une même direction : consolider le DTF comme pilier du marché.
Attention cependant : les fumées dégagées lors de l’impression DTF peuvent être extrêmement nocives, un sujet encore peu connu dans le secteur mais qui risque de changer beaucoup de choses…
Un marché taillé pour lui
En France, la majorité des commandes concerne des séries de moins de 500 pièces. Exactement le terrain où la sérigraphie était plus coûteuse, mais où le transfert était pertinent. Et aujourd’hui, c’est là que le DTF fait la différence.
Révolution ou simple mode ?
Posons les choses clairement : le transfert avait déjà été une révolution en marquage textile. Le DTF est en train de révolutionner le transfert lui-même.
Il ne remplacera pas toutes les techniques, mais il redessine déjà les équilibres. Plus rapide, plus souple, plus accessible, il colle parfaitement aux tendances graphiques actuelles et à la réalité du marché.
Bref, le DTF n’est pas une mode. C’est la nouvelle étape d’une transformation profonde du marquage textile.
Axel Bouthors est le co-fondateur de Sherpa Transfert (ex-PrintMyDTF), spécialiste des solutions de personnalisation textile et objet, basé dans la région de Grenoble (Isère).

