La Fab Riviera, doux à cuir

Le fabricant français de petite maroquinerie au design étudié s’est fait un nom sur le marché en seulement quelques mois. Entre innovation matières, automatisation et ancrage local, La Fab Riviera trace une voie singulière pour concilier compétitivité tarifaire, esthétisme et fabrication responsable.

La Fab Riviera est une jeune entreprise. Et pour une société encore en phase d’installation dans le paysage, les salons professionnels jouent un rôle déterminant. CTCO, en février 2025, et Premium Sourcing, en septembre dernier, ont ainsi permis au fournisseur basé entre Mougins (Alpes-Maritimes) et Paris de se faire connaître sur le marché promotionnel. L’entreprise a eu l’opportunité d’y consolider ses liens existants avec des distributeurs et des agences, tout en attirant de nouveaux clients séduits par son offre de petite maroquinerie made in France.

« Nous bénéficions d’un indéniable effet nouveauté qui joue en notre faveur. Et c’est tant mieux, car en tant que très jeune entreprise, l’une de nos priorités est d’exister sur le marché, de gagner en notoriété et de devenir un choix réflexe pour les revendeurs », souligne William Quillet, fondateur et CEO de La Fab Riviera. Et le pari de la jeune pousse est en passe d’être gagné.

 Un ancrage industriel solide

Il faut dire que La Fab Riviera bénéficie, indirectement, d’une histoire industrielle déjà riche. Son fondateur possède 20 ans d’expérience dans le monde industriel et il a déjà vécu une aventure dans la relocalisation de productions en Europe, via la reprise d’une usine en Roumanie spécialisée dans les accessoires de téléphonie et la maroquinerie upcyclée. William Quillet souhaitait aller plus loin en rapatriant en France la fabrication de petite maroquinerie, qui s’est perdue à l’étranger ces dernières années. Une manière, notamment, de valoriser les compétences artisanales de notre pays.

« Au fil du temps, on nous a demandé s’il était envisageable d’ouvrir un atelier en France en notre nom. Quand nous avons commencé à y réfléchir sérieusement, à tester l’idée autour de nous et à rencontrer du monde, le marché de l’objet promotionnel a répondu extrêmement vite. Les acteurs de la profession se sont montrés très enthousiastes par une offre de maroquinerie made in France. Alors que les marques que nous avons approchées ont été infiniment plus précautionneuses… », se souvient le dirigeant.

La Fab Rivieria naît donc en se mettant au service de l’objet média. L’installation en 2022 de l’atelier du fournisseur dans le sud de la France a été motivée par la proximité d’un premier client basé à Grasse (Alpes-Maritimes) et par un réseau local favorable. Dès le démarrage, l’entreprise a pu s’appuyer sur plusieurs comptes stratégiques au sein de l’écosystème des revendeurs et agences conseil, assurant une croissance rapide. 

Automatisation et compétitivité

Le défi du made in France reste évidemment le coût. Pour rester compétitive, en particulier dans le monde ultra-concurrentiel de l’objet média, La Fab Riviera a investi dans des machines de coupe automatisées et des robots de couture capables de produire en série tout en limitant l’intervention humaine. Résultat : 90 % de la gamme se positionne dans des tarifs sous la barre des 10 €, avec une capacité à traiter des volumes de plusieurs centaines de milliers de pièces.

Au-delà de prix raisonnables, cette automatisation facilite la pérennisation du made in France sur un autre aspect. « Ces robots nous permettent aussi de produire avec des employés qui ne sont pas obligatoirement formés à la couture manuelle, facilitant de fait le recrutement et la formation, avance William Quillet. Parce qu’il s’agit là d’un élément essentiel pour notre réussite, trouver des personnes compétentes exerçant un travail manuel ayant largement disparu du pays. »

L’effectif actuel du fournisseur, une douzaine de personnes, se répartit entre design produit, production, back-office, ou encore présence dans le showroom parisien de l’entreprise. Depuis son lancement, La Fab Riviera investit dans la formation et collabore avec France Travail, intègre des apprentis en maroquinerie et bureau d’études, avec une vraie volonté de faire monter en compétences ses collaborateurs. 

Une offre structurée et en expansion

Le catalogue de La Fab Riviera s’articule autour de quatre familles de produits : le « gift » (porte-cartes, pochettes, accessoires de voyage, etc.), la papeterie (étuis à carnets, marque-pages, etc.), le CHR (sous-verres, sets de tables, etc.) et la beauté (miroirs, pochettes, etc.) – une dernière gamme encore en développement. Tous ces produits ont en commun d’être utiles, élégants et fabriqués avec responsabilité.

À cette offre standard s’ajoutent de nombreux développements spécifiques et sur-mesure, d’un holster de sécurité conçu pour la SNCF aux poignées de portes en cuir développées pour une grande enseigne de bricolage. Une offre extrêmement variée rendue possible grâce à une équipe design en interne accompagnant chaque projet, qu’il s’agisse d’adapter un modèle existant ou de créer une pièce de A à Z.

« Notre directeur du développement dessine les objets de notre collection catalogue et les produits sur-mesure. Ce design primaire, que l’on peut qualifier d’esthétique, est ensuite envoyé dans notre atelier, où une personne se charge du développement technique. Nous mobilisons sur place un ensemble d’outils de production et de processus de fabrication pour arriver à sortir un produit rigoureux et normé », explique William Quillet.

Le design comme levier

Car La Fab Riviera ne se résume pas à un simple atelier de maroquinerie. Elle allie savoir-faire artisanal et engagement pour l’éco-responsabilité, et se distingue par son travail sur des matières recyclées. L’entreprise a développé une expertise dans le synderme, un cuir recyclé à base de chutes de cuir et d’une portion de latex naturel certifié FSC. Densifié lors d’une étape postérieure, il se montre solide et possède un aspect premium, doux au toucher, bien plus que le simili-cuir.

L’atelier fait aussi appel pour ses créations à du feutre de RPET. « Traditionnellement, le feutre est un matériau assez pauvre et composé de beaucoup de colle, reconnaît le dirigeant. Nous faisons fabriquer du feutre premium en Italie avec une quantité de matière plus importante, donc nos produits finis possèdent une main beaucoup plus agréable et, surtout, qui dure dans le temps. » L’objectif : transformer des matériaux perçus comme du rebut en alternatives nobles et durables.

Si les matières sont primordiales, l’équipe design de La Fab Riviera joue également sur l’esthétisme. Il s’inscrit au cœur du processus de création, car fabriquer en France et en cuir recyclé est remarquable, mais sans un beau design, cela peut rester un objet jeté ou oublié au fond d’un tiroir. « Un joli design et une couleur élaborée ne coûtent pas plus cher qu’un produit terne, et cela fait la différence », résume William Quillet.

Un grand choix de personnalisation est offert aux clients de La Fab Riviera. « En ce qui concerne les couleurs, on peut fabriquer du cuir recyclé ou du feutre dans des Pantone spécifiques, finir les produits avec des fils de couture en accord avec le logo d’une marque, ou utiliser des pièces métalliques de différentes couleurs. Et pour le marquage, on propose de l’embossage, mais aussi de la tampographie », poursuit le dirigeant. La gravure laser et l’impression numérique UV sont quant à elles externalisées, mais pour combien de temps ? L’atelier pourrait encore s’étoffer de nouvelles machines à l’avenir, nourri par un potentiel de croissance que l’on peut imaginer conséquent, en France comme à l’international. La Fab Riviera n’a pas fini de grandir.

Article écrit par :
Bertrand CLERMONT-GENEVI

Rédacteur en chef C!mag